PRÉSENTATION
Viognier : 5%
Volume de production (hL): 2000 bouteilles
Etrange et merveilleux métier que celui de vigneron, le visage buriné par le soleil, les cheveux dans le vent, le dos courbé et les mains caleuses de ceux qui savent maitriser la plante dans une affection sincère. Vigneron, c’est un métier traditionnel, un métier où l’innovation reste rare. Mettons de côté les outils numériques ou les dernières machines, fondamentalement il reste le même depuis des siècles. Alors, quand l’un d’entre eux invente un nouveau statut, innove dans le cœur même de son métier, il est toujours intéressant de le suivre pour humer le moment. C’est le cas d’Antoon Jeantet-Laurent. A cause de la pression financière sur les terres et par le fait de n’être pas « bien né », il ne peut acheter quelques hectares de vignes pour produire son nectar. Alors, il loue. Et quitte à louer des arpents de vignes, autant qu’ils soient bien placés et retranscrivent à merveille son amour pour les terroirs français.
La vigne, il connait. Déjà, tout jeunot, il travaillait pour des grands noms. La journée à la vigne, pour apprendre, et le soir au chai, pour déguster. Le vin est une passion, dévoreuse, chronophage, mais il aiguise son palais par des heures et des heures passées dans les lumières, souvent blafardes, des caves. Son palais se développe jusqu’à devenir Champion de France de dégustation. Il est vrai qu’il est particulièrement talentueux dans cet exercice délicat, bluffant certains jusqu’à donner le pH exact d’un vin, uniquement en le goutant. Une vraie machine ! Mais son amour du vin ne procède pas de la dégustation pure. Un temps, il s’est essayé à l’écriture sur un blog, sous le nom allégorique de The Wine Patriot. Le métier de journaliste indépendant ne payant pas, il se recentre sur son amour de toujours : la vigne.
Son crédo, c’est le travail dans la vigne. « On ne peut faire de beaux vins sans une viticulture de premier ordre »
Grâce à sa phénoménale connaissance des terroirs et des terres de France, il met son réseau en branle et demande à ses copains vignerons de lui louer quelques terres. Certains refusent, benoitement, d’autres, plus intelligents, acceptent. L’aventure est lancée. Quelques ouvrées à Chablis pour réaliser « des vins blancs que j’aime », une minuscule parcelle en Nuits-Saint-Georges, en Côtes de Nuits bourguignonne, quelques pieds sur les coteaux pentus de la Côte Rôtie, « son amour de toujours », et une superficie bien plus importante (10,5 hectares) en Languedoc pour réaliser des rosés juteux et droits et des languedocs particulièrement frais.
Son crédo, c’est le travail dans la vigne. « On ne peut faire de beaux vins sans une viticulture de premier ordre » affirme-t-il. Et c’est vrai. Ses talents de dégustateur servent désormais à assembler, à vinifier, à gouter le raisin pour définir la meilleure date de récolte possible. Toujours assez tôt, car il aime « les vins tendus avec de l’acidité », des vins aériens, parfois déroutants, mais qui gagneront en subtilité et en précision avec le temps. Son métier de vigneron-globe-trotter ne lui laisse que peu de temps pour la commercialisation. Heureusement, les quantités sont infimes. 2000 à 3000 bouteilles de Côte Rôtie, encore moins de Chablis et plus de rosés, car « tout le monde en boit ». Vous avez compris, Antoon Jeantet-Laurent, invente un métier. Mais surtout il réinvente notre rapport au vin. Celui d’un homme dont la passion a tout emporté, pour notre plus grand plaisir.