9 siècles histoire
C'est au XIIème siècle, à l'époque où les Papes étaient français, qu'est né le vignoble de La Nerthe : il se confond avec l'apparition de la vigne à Châteauneuf-du-Pape, où les pontifes avaient établi leur résidence d'été.
Reconnu sans conteste "primus inter pares" parmi les domaines historiques de Châteauneuf-du-Pape, le Château La Nerthe n'a cessé d'être entouré des soins les plus attentionnés par ses propriétaires successifs : hommes de convictions, aristocrates, experts en Châteauneuf du Pape, les marquis Tulle de Villefranche, le Commandant Joseph Ducos, la famille Richard. Tous ont œuvré pour que la Nerthe acquière et entretienne une réputation d'excellenc
Le premier acte attestant de l'existence du Château La Nerthe (alors connu sous le nom de Grange de Beauvenir) consigne son acquisition, le 25 novembre 1560, par la famille des Tulle de Villefranche. Sous leur impulsion, le vin de La Nerthe atteint un haut niveau de qualité et accède à la célébrité. Ainsi, dès le XVIIIème siècle, les maréchaux de Tonnerre et Brissac, les ducs d'Uzès et de Chevreuse, le prince de Bergues ne tarissent pas d'éloge et consomment avec bonheur "l'excellent vin de La Nerthe", d'ailleurs servi à Versailles, à la Cour de Louis XVI, mais également à la cour de Saxe, Genève, en Angleterre, à Londres, Turin, Rome, Naple, Boston et Philad
A l'apparition du phylloxéra, vers 1870, les Tulle de Villefranche vendent leur propriété au Commandant Joseph Ducos. Celui-ci, animé par un courage sans faille, de fortes convictions, reconstitue le domaine et y introduit le "multi-encépagement" aussurant ainsi un succès considérable au vin de La Nerthe. Liste de cépages qui seront repris dans l’encépagement autorisé par le décret d'Appellation d'Origine Contrôlée paru près d'un demi siècle plus tard en 1935! Lors d'une allocution à Avignon en 1938, le Président Albert Lebrun évoqua "ce commandant Ducos qui fut dans sa propriété de La Nerthe l'âme de la reconstitution viticole" de Châteauneuf-du-Pape. Cet encépagement fait la réputation et le succès de La Nerthe que Frédéric Mistral, célèbre poète et gastronome accompli, déclara majestueusement vin "royal, impérial et pontifical"… Maire de Châteauneuf, puis député du Vaucluse, président du premier syndicat Viticole de Châteauneuf, médaille d'or de la Chambre d'Agriculture de Vaucluse (dont il sera président), Joseph Ducos officialisera, en 1893, le nom de Châteauneuf-du-Pape.
En 1892, commence l'histoire de la Maison Richard avec Henri Richard, père fondateur, qui débute sa carrière dans le vin à 22 ans chez son cousin Auguste Fayel. La Famille Richard a acquit son savoir faire après des décennies d’apprentissage qui lui confèrent une compétence rare et inégalée dans le milieu de la restauration mais également dans le milieu viticole depuis les années 50. Ne s'improvisant jamais professionnel du vin, elle l'est devenue à travers le contact de la terre, des vignes, des terroirs et surtout des hommes dont elle a su s'entourer, qui lui transmettent passion et savoir faire.
En 1985, la famille Richard acquiert le Château La Nerthe et en confie la direction à Alain Dugas. Elève du Docteur Dufays (domaine de Nalys à Châteauneuf-du-Pape) spécialiste des cépages locaux, Alain Dugas s'est forgé une belle expérience en quinze ans au Domaine de la Renjarde. A La Nerthe, il reprend à son compte les convictions et préceptes de Joseph Ducos et s'entoure d'une équipe d'hommes et de femmes, tous acquis à la Nerthe et à son Terroir.
En 2008 Christian Voeux est choisi par la famille Richard pour succèder à Alain Dugas qui a pris sa retraite. Christian Voeux, Oenologue diplômé de la faculté de Montpellier, a fait ses armes au Château Mont Redon pendant plus de 25 ans. Il est le nouveau gardien du Château, de son histoire et de ses traditions. Entouré de la même équipe il conduit la Nerthe dans la même ligne d'excellence que l'histoire a tracée.
L'esprit de la vigne
Situé en plein cœur du célèbre territoire de Châteauneuf du Pape, le vignoble de Château La Nerthe bénéficie d'un microclimat de type méditerranéen avec, notamment, plus de 200 jours de soleil par an.
Cette chaleur favorise la maturation précoce des raisins et autorise des vendanges très tôt en saison et qui se déroulent rapidement.
Le vignoble du Château La Nerthe accueille treize cépages différents, judicieusement plantés, chacun sur les parcelles qui lui conviennent le mieux. Grenache noir, Clairette, Syrah, Bourboulenc, Mourvèdre, Grenache blanc, Cinsault, Roussane, Picpoul, Picardan, Terret, Vaccarèse, Counoise, Muscardin. C'est en assemblant entre eux certains de ces cépages, opération délicate et subtile, que les hommes du Château La Nerthe donnent naissance à ces vins, rouges ou blancs, complexes et magnifiquement équilibrés...
Il y a longtemps qu'au Château La Nerthe la culture de la vigne se pratique dans le plus strict respect de la nature et de l'environnement. Le Château La Nerthe est certifié Agriculture Biologique depuis 1998.
Notre terroir jouit d'un exceptionnel potentiel qualitatif car il est d'une très faible fertilité : le fruit mûrit mieux lorsque la vigne a du mal à assurer sa croissance pendant l'été. Aussi les seuls apports en azote sont-ils dus aux pluies de printemps et aux précipitations estivales. Quant à la protection phytosanitaire des vignes, elle est exclusivement assurée par des corps simples, tels le cuivre ou le soufre.La véritable expression de l'exceptionnel terroir de Château La Nerthe exige une implacable maîtrise de la vigueur des vignes et de leur production : rendements très bas et vignes âgées et en parfaite santé.
De part ces particularités, les vendanges commencent très tôt en saison et nécessitent très peu de temps : en général, les tout premiers jours de septembre, de 100 à 140 vendangeurs récoltent – à la main, bien sûr - la totalité du raisin sur l’ensemble du domaine.
" Une bouteille par pied de vigne", tel est le mot d'ordre qui règne à Château La Nerthe, soit 25 à 30 hectolitres au maximum par hectare sur l'ensemble du domaine. "Nos vignes sont âgées de 50 ans en moyenne " et certains plants sont plus que centenaires… Les vieilles vignes sont en effet moins productives, donnent de petits raisins, plus riches et concentrés, et garantissent une qualité exceptionnelle. Nous mettons en œuvre tout ce qui est possible pour conserver et profiter de notre vieux vignoble.
Philosophie de la cave
De 1560 à nos jours:
La partie la plus ancienne de la cave a été creusée directement dans le safre, roche mère sur laquelle repose le Château dés 1560. Cette cave souteraine renferme la réserve privée du Château mais aussi celle des plus belles tables françaises. On y trouve également une partie des fûts d'élevage et une particularité singulère: "Des cuves en pierre" datant du 16° siècle dont les parois mesurent 1m20 d'épaisseur et qui sont recouvertes d'une résine époxydique (résine alimentaire) pour en faciliter l'entretien.
La seconde partie de la cave fût construite au XVIIIème siècle en croisées d'ogives. Elle contient foudres et fûts d'élevage.
En 1986 la cave de vinification a été réaménagée et dotée d'équipements modernes. La salle supérieure, juste au dessus des cuve en pierres, est équipée de cuves en acier inoxydable avec un système de contrôle de la température et d'un système de pigeage. La cave au rez de chaussée est quant à elle équipée de cuves en bois qui nous servent pour la vinification de cuvées haut de gamme et quelques barriques pour la vinification d'une partie de nos vins blancs.
Cet ensemble alliant histoire et modernité nous permettent d'apporter les meilleurs soins à nos vins.
Dans les archives du Château
Vers 1750, La Nerthe est un domaine de 50 hectares dont une partie est en vignes, et une ébauche du château actuel se dresse depuis 1736.
Les vin de la Nerthe s'apprécie dès 1772 à Rome, Londres, à Moscou, en Amérique (Boston Philadelphie), en Angleterre, en Allemagne, en Italie et en Espagne.
En 1784, La Nerthe est déjà mis en bouteille à la propriété ! A cette époque, le Marquis de Tulle de Villefranche, propriétaire de la Nerthe, est l’un des personnages à l’origine de la promotion de Châteauneuf-du-Pape. Il a déjà un réseau de revendeurs à qui il fait parvenir son vin pour qu’ils le fassent connaître.
En 1860, la description des usages locaux révèle l’éraflage systématique, le foulage et une cuvaison de 15 à 18 jours (pratique toujours en vigueur à la Nerthe). A cette époque, le vin de la Nerthe est décrit ainsi : « Une belle robe, une grande finesse, de la fraîcheur, une saveur légèrement âpre et un bouquet très prononcé ».
Vers 1870, le vignoble est détruit, comme presque tout le vignoble d’Europe, par un puceron, lephylloxéra. Les Tulle de Villefranche vendent la propriété, qui faisait partie des 5 domaines majeurs de Châteauneuf, à un polytechnicien : le commandant Joseph Ducos.
A la fin du 19° siècle, alors que les autres arrachent la vigne pour planter des arbres fruitiers, Joseph Ducos comprend le premier l’avenir du greffage de la vigne sur des portes greffes résistants au Phylloxera. Il reconstitue très vite le vignoble de la Nerthe, qui obtient en 1891, la médaille d’or de la Chambre d’Agriculture de Vaucluse. D’abord regardé avec étonnement ou dédain par ses voisins, il est ensuite imité avec succès. Il sera cité par le Président LEBRUN comme «l’âme de la reconstitution viticole ». En 1893, le village est appelé Châteauneuf-du-Pape à l’initiative de Joseph DUCOS, alors maire de Châteauneuf. Il sera également député du Vaucluse, président du premier Syndicat Viticole de Châteauneuf, président de la Chambre d’Agriculture de Vaucluse, réalisateur du Canal de Pierrelatte…et poète.
Joseph DUCOS mène une intense recherche sur les cépages, allant jusqu’à tester à la Nerthe dix variétés dont il détermine le rôle gustatif dans l’assemblage et les proportions souhaitables : Le grenache et le cinsault pour « la liqueur, la chaleur et le moelleux » : au maximum 20% de l’encépagement ! Cela fait donc plus d’un siècle qu’il est reconnu que le terroir de la Nerthe s’exprime par une proportion modérée de grenache. Mourvèdre, syrah, muscardin et camarèse ou vaccarèse pour « la solidité, la conserve, la fraîcheur et un goût désaltérant » : 40% de l’encépagement. Counoise et picpoul pour « la vinosité, l’agrément, la fraîcheur et le bouquet » : 30%. Clairette et bourboulenc, cépages blancs entrant dans la composition du vin rouge à raison de 10% pour la « finesse, le feu et le brillant ». Tous ces cépages seront repris dans la liste des cépages autorisés par le décret d’Appellation Contrôlée paru un demi siècle plus tard, en 1935 ! Certains (le cinsault, la roussanne, et le camarèse) auraient été introduits dans la région par Joseph Ducos.
Joseph DUCOS préconisait également de vinifier ensemble différents cépages, ce qui continue à être fait actuellement à la Nerthe.
Le style Nerthe
En 1782, Darluc, dans son « Histoire de Provence », écrit : « Les meilleurs vins se récoltent dans le clos de la Nerthe (…) Ils ont du velouté et de l’agrément, le moment de les boire dans leur parfaite maturité est lorsqu’ils ont trois ou quatre ans ».
En 1860, la description des usages locaux révèle l’éraflage systématique, le foulage et une cuvaison de 15 à 18 jours (pratique toujours en vigueur à la Nerthe). A cette époque, le vin de la Nerthe est décrit ainsi : « Une belle robe, une grande finesse, de la fraîcheur, une saveur légèrement âpre et un bouquet très prononcé ».
De nos jours, les raisins récoltés à pleine maturité atteignent très tôt leurs qualités optimales tant pour la matière colorante que pour les tanins. Il en résulte des vins complexes et très équilibrés, où l'alcool, relativement modéré, n'apparaît pas à la dégustation.
L'éraflage est toujours utilisé pour les cépages rouges, et les cuvaisons ne dépassent pas 18 jours.
La vinification des différents cépages en co-fermentation dans la même cuve, pratique déjà utilisée dans l'ancien temps, permet de commencer très tôt le mariage des aromes de ces cépages, et donc d'aller dans le sens de la complexité qui a toujours caractérisé les vins de La Nerthe.
A partir du millésime 2000, les vins du Château La Nerthe ont été mis en bouteilles dans notre propre bouteille afin de porter encore plus haut notre recherche d'identité.